Voici maintenant 6 ans que j’ai découvert le trail un soir via une vidéo de la course des citadelles en Ariège. La version 2009 avait été épique avec mauvais temps et sentiers remplis de boue. Compte tenu de la semaine estivale que l’on a connue je ne me doutais pas que l’on vivrait un remake de cette édition en 2015.

Bref, samedi après midi, nous voici en voiture la petite famille et Bernard pour Lavelanet (Ariège) sous un beau soleil mais des nuages aux sommets des Pyrénées.

Après avoir récupéré mon dossard, je retrouve Michel Arnaud, le maître de cérémonie avec qui j’avais partagé un thé au dessus de Luz-Saint Sauveur vers 3H du mat la nuit du tour des cirques, le 120 km du GRP… Après avoir resituée l’anecdote, Michel se souvient de moi, échange deux trois mots et me souhaite bonne course.

Pasta Party, puis direction le camping pour préparation du sac et le début d’une courte nuit. Vers 1H du matin, le ciel se déchaîne avec gros orage et beaucoup d’eau. Je me rendors péniblement et me réveille vers les 4H en même temps que Bernard. On se prépare alors que l’on entend tomber de plus belle la pluie sur le Mobil Home et vers le coup des 5H15 on sort, rapidement trempé, pour rejoindre à pied la ligne de départ qui se trouve à un petit kilomètre.

On s’engouffre dans la grande salle de Lavelanet pour se sécher, se réchauffer et boire un dernier petit café ; puis direction la ligne de départ. Température d’environ 7°C et la pluie semble tomber un peu moins fort.

Départ lancé à 6H et c’est parti pour 70 km et grosso modo 3100/3500 D+.

Départ tranquille sur une portion plate ou en léger faux plat montant parfait pour s’échauffer. Le corps monte en température, les sensations ne sont pas mauvaise et la suite des frontales est toujours aussi féérique. Je n’avais plus eu l’occasion de vivre de tels moments matinaux depuis le GRP 2013.

Arrive le 4ème km et la première difficulté de la journée : la montée vers les crêtes de Madoual. La boue est présente, mais nous n’avons encore rien vu. On atteint les crêtes en moins d’1H et la nuit commence à s’estomper. La pluie se calme, mais malheureusement la vue est bouchée. Après des montées et descentes successives le long de cette ligne de crête, la longue descente s’amorce vers Belesta. Ce qui nous attend sera grosso modo à l’image d’une grosse partie de la journée : un chantier complètement labouré offrant toutes les variantes imaginables de la boue (en épaisseur allant du centimètre à la vingtaine de centimètres, de différentes couleurs ou éclats, plus ou moins chargée en eau). Du pur bonheur… Je vise les coulées de boue qui donnent de meilleurs appuis que les bordures. J’arrive à Belesta (17ème km) pour le premier contrôle en 2H20 avec 50 minutes d’avance sur la barrière horaire, je retrouve Bernard qui est arrivé quelques minutes plus tôt. Je ne m’attarde pas trop mais fait l’erreur de la journée en grignotant du saucisson et en buvant deux verres de coca.

Bref, je repars en direction de la forêt de Belesta pour une belle montée de 500mD+ mais avec des crampes intestinales qui me coupent les jambes. Le terrain ne se prête pas trop pour une « escale technique ». Sur le coup, le moral baisse un peu, mais je sers les dents et au bout de 3/4H les douleurs s’estompent d’elles-mêmes. Après la montée, la descente en terrain un peu technique où je me refais plaisir et dans laquelle je redouble Bernard. Au final après un replat on arrive ensemble à Fougax (33ème km) après 4H54, soit près de 1H10 d’avance sur la barrière horaire. On ne reste pas trop longtemps sous ce auvent où quelques coureurs sont assis et paraissent déjà bien pâles.

Maintenant on s’attaque au gros morceau de la journée avec la montée vers le château cathare de Monségur. On commence par longer un ruisseau tourbillonnant où la rive est exigüe et glissante et où on manque de tomber à la flotte. Je monte plus ou moins en compagnie de bernard et on se croise et se recroise (cela minimise le développement de sujets de conversation de sa part). Le pog de Montségur est régulièrement en vue et c’est un moment assez magique du parcours. On atteint enfin le col du tremblement au pied du pog et la montée finale nous attend qui est plus typée montagne avec marches et pierres à monter. Nous sommes accueillis au château par un vent glacial. J’arrive au sommet en compagnie de Bernard qui m’a rattrapé avant l’entrée du château et qui commence à avoir mal aux quadri. On ne s’attarde pas et engageons ensemble la descente prudemment, encourageant ceux qui sont en sens inverse.

On s’engage dans un chemin que j’ai trouvé très agréable mais plein de gadoue  et qui nous conduit gentiment vers le 3ème contrôle de Monferrier (45ème km, 7H20 de course, Bernard à 5 minutes). Nous avons toujours 1H20 d’avance sur les barrières. A ce moment Angélique et les filles nous attendent et je suis persuadé que j’irai au bout : je suis bien physiquement (tout est relatif après cette distance) mais surtout bien dans la tête. Idem pour Bernard qui a plus de difficultés coté quadri.

C’est reparti avec une montée sur un chemin pavé et ensuite une très longue portion plus ou moins plate pour se diriger au pied du château de Roquefixade, montée qui n’en finit pas et où je prends un méchant coup de barre. Dans le village (milieu de la montée) je décide de m’arrêter pour manger un sandwich, moment que choisi Bernard pour me rattraper et m’attaquer !! Après ces 10 minutes de pause, je me relance pour le dernier km de montée dans un cadre magnifique mais particulièrement pénible car la fatigue se fait sentir. Arrivé en haut je vois Bernard au loin qui trottine alors que je suis scotché sur le sentier. Donc marche lente pour commencer, plus rapide ensuite avant de recommencer à trottiner dans la descente qui devient de plus en plus technique sous l’effet de la boue. Les sensations reviennent et je me refais à nouveau plaisir. Je redouble Bernard qui sous l’effet de ses douleurs aux quadri a de grosses difficultés en descente….

Je me retrouve ainsi sans lui au 4ème contrôle des cascades de Rochefort (59ème km) en 10H15. La partie qui suit commence par 2 à 3 km de plat mais avec en moyenne 20 cm de boue d’épaisseur puis une grosse montée vers le village de Pareilles avant de redescendre sur Raissac (65ème km) avec la dernière barrière passée avec 1H20 d’avance (11H40 de « course »). Il nous reste 5 km mais ils sont loin d’être facile (1H10 pour les parcourir…). Cela commence par le mur de Raissac de 800m à 1km de longueur pour environ 300m de D+, mur où je prends mon second coup de latte… Bernard en profite pour me redoubler avant le sommet. Je suis sur la crête, très mal et décide de finir mon paquet de tucs… Marche lente, puis plus rapide sur une crête tout en pierrier, puis je fini en trottinant en retrouvant des sensations. La descente finale me permet de revoir Bernard qui a les jambes en feu et qui du coup a les plus grandes difficultés dans les parties techniques. Une dernière descente bien raide équipée de câble et nous voici de retour à Lavelanet après un périple de 70 km en un peu moins de 13H.

Je dis un gros bravo à Bernard qui n’aurait jamais cru vivre cette aventure il y a 4 mois… Et on aura eu des pensées pour Pascal à différents moments de la journée, Pascal qui aurait du être parmi nous sans tous ses soucis de santé. J’espère que ce n’est que partie remise et que l’on aura l’occasion de retourner sur ce superbe parcours, avec une course parfaitement organisée et qui présente une dimension humaine certaine.

Commentaires  

#2 Bernard Fleury 26-04-2015 10:42
merci a franck pour son recit, digne
d'une epopee a la fredo(les bieres en moins enfin juste une a l'arrivee)et merci de m'avoir supporte pendant le we.
#1 Frédéric Goumard 24-04-2015 22:33
Joli recit, bravo à vous deux et je suis impatient de reparcourir des sentiers avec vous :-D