Petit récit sur l'Euskal ultra trail d'il y a 2 semaines.

 

Une inscription seulement 2 jours avant la course, c'est pas banal pour un ultra (je cherchais un plan de secours pour cause d'annulation reco euforia).

 
Pas confiant avec entrainement montagne quasiment inexistant depuis mi-2016 (seules exceptions avec 4h sur la rhune en fevrier avec Franck Gobet pour 27km et 2000m de D+, un tour de 8h au pays basque avec Lionel Sancho le Chemineur en mars pour 30km et 2500m de D+ et mon 24h de CO dans le tarn en avril avec Aurélien Esnard où on avait bouffé 80km et 3000m de D+)... pris de doutes je reprends le tannage des pieds et la PPG delaissée depuis des mois quelques jours avant.
Je prevoyais de dormir par terre sur le parking ou a proximité, mais l'ami loic kerouanton avec qui j'avais fini le dernier quart de ma diagonale 2012 (mon premier ultra) est là et recherche un hebergement à partager pour pas trop cher. Bon ben je dormirais dans un lit alors. Une petite nuit de 4h.

Je suis content d'aller prendre l'air mais en plus bien inquiet de la forte chaleur annoncée car je sais que mon corps a beaucoup de mal à supporter ces conditions... je vais jouer la prudence extrême.
Je perds Loïc en allant aux toilettes quelques minutes avant le départ et ne le retrouve pas en revenant dans le sas...

Départ 5h toujours aussi euphorisant. Très vite le jour se leve et la temperature monte monte monte. 
Comme prévu, je souffre beaucoup mentalement et physiquement de la chaleur, une véritable marche en enfer dans les longues heures de cagnard, un cerveau anesthésié par le four ambiant, l'impression d'avoir une cocotte minute à la place du cerveau à sentir le sang taper dans les tampes... je fais le dos rond et avance un pas après l'autre. A partir d'Ispeguy, je fais route avec Christophe rencontré sur le tour de la CUB (que j'avais recroisé en 2014 sur le Grand Raid Occitan). Les quelques passages en foret et les points d'eau ajoutés en urgence par l'orga permette de maintenir en vie le bonhomme. La moindre petite mare d'eau croupie est pretexte à mouiller la tête et imbiber la saharienne.

Nous avançons avec Christophe et la temperature commence enfin à baisser en arrivant au ravito du km 59 dont je finis la descente en trottinant. La nuit va bientôt tomber et je retrouve un Olivier Rechou mal en point qui se motive toutefois a repartir jusqu'à la base vie dans 13km, christophe m'a distancé il avait froid. Avec le début de nuit, l'orage pointe le bout de son nez et je décide d'accelerer après avoir repris christophe pour courir la majorité du temps et arriver a la base vie si possible avant l'orage annoncé de 22h à 23h30 sur la météo de mon téléphone... j'ai retrouvé une folle energie et les éclairs commencent à lacerer les dernières lueurs du jour puis le debut de nuit... ça pete sur moi alors que je suis à moins de 2 km de la base et doit me changer pour finir sous un bel abat d'eau jusqu'à la base où je retrouve Loïc qui repart. Nous passons pres de 2h a la base avec christophe en nous allongeant 20min à essayer de dormir sans y parvenir. Je m'y refait le tape de la cheville droite et mes bouts de tape sur les petits orteils qui me permettront pour la premiere fois de ne pas avoir d'ampoule sur le dessus de ces doigts de pieds. Un peu de NOK judicieusement placée (la Transpyrenea m'aura appris à bien connaitre mes pieds) m'evite aussi les differents echauffements, les Altra superior sont vraiment des chaussons aussi pour la place qu'elles laissent aux doigts de pieds, c'etait la première fois sur ultra que je les emmenais (merci Run Store Bordeaux :-) )
Bref, les paysages sont magnifiques (un album de photos suivra bientot), les bénévoles au top, l'organisation parfaite et le temps très long, avec Christophe, nous nous retrouvons même derniers en course au niveau de Ronceveaux, rattrapés par le serre file en sortie de nuit après que j'ai essayé de m'allonger à nouveau 15min sans pouvoir m'endormir. Pourtant nous doublons régulièrement quelques concurrents, c'est donc que tous ont abandonné au fur et a mesure, une veritable hécatombe (et en effet, seulement 45% de finishers au final). Je suis un peu inquiet de la dernière barrière à Arneguy à 10h15 et pousse Christophe à que nous recourrions regulièrement. Nous y parviendrons après pas mal d'effort avec 1 heure d'avance.
Nous y retrouvons aussi Loïc et repartons donc à 3 pour les 20 derniers kilomètres interminables avec la chaleur à nouveau bien presente. Nous continuons à doubler de temps en temps mais maintenant les personnes n'abandonneront plus aussi pret de l'arrivée. Nous trottinons regulièrement malgré des jambes bien douloureuses (mes quadriceps sont dechiquetés et hurlent à chaque descente, je fais même les plus raides en marche arrière).

Christophe part avant nous du dernier ravito et nous ne le reverrons plus, nous avancons de notre mieux avec Loïc en essayant de retrottiner régulierement.

L'euphorie nous gagne dans les derniers kilomètres que nous avalons presque entièrement en courant pour passer la ligne d'arrivée un immense sourire aux lèvres avant de se jetter les poches de glace sur la tête et les endroits du corps sensibles...

Nous finissons 118 et 119° pour 124 arrivants en 34h06 cette très belle course de 132km et 7500m de D+

Une petite bière, un grignottage rapide, puis c'est douche et 1/2 h de sieste dans la voiture avant de reprendre la route...

Mes impressions, c'est donc :
- j'ai vraiment progressé dans le soin de mes pieds avec la Transpy, j'ai gardé des pieds de bébé tout le course
- le dénivelé il n'y a pas de secret, ça se travaille, sinon ça se paye sur les cuissots
- le genou a bien tenu (protégé environ la moitié de la course par une genouillere souple de course à pied) malgré le choc de ma chute vélo 2 semaines plus tot
- je suis fatigué et la nuit sans sommeil n'a pas été simple, ainsi j'etais vraiment content de passer toute la nuit avec christophe
- un ultra demande toujours beaucoup d'influx mental même si on a tendance à l'oublier d'une fois sur l'autre
- j'ai beaucoup aimé partagé a nouveau une arrivée d'ultra avec loïc
- mon corps supporte très mal la chaleur mais j'ai beaucoup mieux géré que lors de mon abandon à la ronda 2015 pour épuisement nerveux et insolation
- dommage de ne pas avoir retrouvé christophe a l'arrivée ni les amis nono, martine et franck (arrivés il est vrai bien plus tôt)

 

Un ultra est toujours une aventure :-)

 

 

 

Bonus photo et vidéo du départ : lien facebook