Samedi 4 janvier, il y avait donc 2 membres du club au départ d'une aventure pas banale : le tour de la CUB en courant, un programme de 128km à parcourir en 2 jours sur le bitume des communesde la CUB : la diagonale des rêves (http://ladiagonaledesreves.over-blog.fr)

Pas de dossards, un peloton qui court ensemble et juste une cause à porter avec soi (en plus de l'eau et la bouffe) et une urne que va nous suivre (la plupart du temps dans les voitures) pour recueillir les dons des coureurs et badauds que l'on pourra croiser le long du parcours au profit de l'association Aladin 33 (http://www.aladin33.com) qui réalise des rêves d'enfants malades et mène des actions pour rendre leur quotidien à l'hôpital plus supportable.... Au départ, j'ai vraiment pas envie de faire de la route, mais l'idée est belle et la perspective d'accompagner Samuel Calois sur 2 très longs footing me plait. En avant donc !

Départ d'Ambares d'un groupe d'une quarantaine de coureurs samedi à 8h pour une première étape de 77km qui doit nous mener jusqu'à l'hopital des enfants malades à Merignac. Le rythme moyen annoncé est de 7km (pauses comprises), on court donc à environ 9km/h. Et on prend le depart sous un ciel pas trop menacant. On fait connaissance avec nos camarades de balade du jour, c'est très sympa et convivial et les kilomètres passent sans qu'on les voit passer. Au bout de 10-15km on remonte les quais de Bordeaux depuis le pont de Pierre avec l'urne entre les mains en sollicitant tous les badeaux. Les pauses sont donc nombreuses et on prend vite un petit quart d'heure de retard qu'on trainera tout le long mais les dons se multiplient et on se sent vraiment utile. On fait connaissance et on decouvre des hommes et des femmes d'une immense humilité et simplicité malgré des capacités physiques et mentales hors du commun (certains viennent de boucler quelques mois plus tot par exemple le Spartathlon avec 247km de route en moins de 36h....). Je retrouve aussi Martine et Franck croisé plusieurs fois sur des trails longue distances et avec qui nous prenons beaucoup plus le temps de discuter et de s'estimer.

 

Les kilomètres passent et vers le km 25, je commence à ressentir une douleur dans le releveur gauche.... zut, est-ce les 100km de trail depuis le debut de la semaine conjugué au fait de ne faire presque jamais de route ? ... bon on verra bien comment ca evolue mais ca va s'annoncer compliqué. Vers le km 30, pause à Parempuyre où on prend le temps avec Sam de se boire une petite bière avec des gateaux aperos salés à la terrasse d'un troquet, le ciel devient très menacant mais ca ne pleut toujours pas. On repart avec des jambes encore assez legeres.

Peu après l'orage éclate avec des trombes d'eau glacée... c'est chiant, c'est dur, les longues lignes droites de bitumes paraissent interminables et plusieurs participants choissisent de monter dans les quelques voitures suiveuses. Je me pose un strap au releveur pour tenter de reduire la douleur quelques minutes sous un abribus. J'hésite à prendre un doliprane, mais prefere garder le signal de mon corps et gérer mentalement la douleur.

On continue et les kilomètres passent lentement mais régulièrement, malgré quelques renforts ponctuels temporaires de quelques kilomètres sur la première partie, nous ne sommes plus qu'une vingtaine désormais sous la pluie et le vent. La fatigue et la lassitude sont là. Je suis admiratif de l'abnégation de certains qui gardent encore le sourire et semblent vraiment en pilote automatique. Mes jambes sont lourdes (surement mes 2 premiers marathons du début de semaine :-p), mais c'est pas si pire. Le strap a bien réduit la douleur mais elle reste bien présente. Ca ira au bout ! 40km les bénévoles d'aladin qui suivent dans quelques voitures et ravitaillent un peu en eau (je piquerai un petit paquet de chips delicieux au passage au km 66 :-) ) nous offre la galette des rois sous le preau d'un batiment public, moment d'une chaleur humaine formidable...on repart 50km ...60km.... Sam souffre aussi et a mal aux jambes... on nous promet la garbure chez Traid à Merignac comme dernier stop au km 70. On arrive et l'accueil est sympa mais sans garbure :-( On est trempé et un café chaud fait beaucoup de bien. On repart pour cette dernière ligne droite.... et on arrive enfin au terme de 77km et 11h15 à rentrer dans le hall de l'hopital des enfants. On est trempé et bien fatigué. Je suis très reservé sur ma participation le lendemain tant mon tendon est douloureux. L'appel d'une bonne douche chaude et de quelques bieres partagées avec Sam chez moi se fait pressant.

Je retrouve Valerie qui veut faire le jour 2 de 51km avec son chien Enya. Elle me masse les mollets et je me met un peu de voltarene en attendant de voir demain mais que quoi qu'il arrive je viendrai au moins faire le tour en velo. Je retire le strap pour la nuit.

Reveil le lendemain et le tendon est nettement moins douloureux mais je le sens quand même bien en marchant, ce sera donc VTT pour moi et course pour Enya et Valerie. Je vais être raisonnable pour eviter de me déclencher une vraie tendinite... Je me dis que je suis vraiment pas un coureur de route.

La météo est annoncée nettement plus clemente mais une grosse averse en voiture pour rejoindre le départ nous garde dans l'ambiance... Les retrouvailles avant le depart sont chaleureuses, nous nous sentons participer à un évenement peu commun. Les discussions deviennent plus profondes et les echanges plus ouverts, chacun se decouvre. Je trouve des hommes et des femmes formidables. Je suis soufflé par la philosophie d'un "gamin" de 20 ans Angel qui vient de parcourir la france de part en part en courant (1200km en 17jours, la Transgaule) et a une superbe philosophie de vie : "courir rend heureux".... (interview sur la course : http://www.youtube.com/watch?v=jhFhqj3Ft88&feature=youtu.be)

Ces personnes courent des 100 bornes comme on irait faire un 10 bornes ou un semi.... ils me forcent le respect et ce d'autant plus qu'ils ont gardé cette profonde humilité et simplicité (devenu bien rare aujourd'hui dans le monde m'as tu vu du triathlon).... j'adore... que ces rencontres sont belles, arrivé à Villenave d'Ornon vers le km 25 je profite d'une pause pour aller acheter quelques bieres au supermarché et ravitaille le peloton. Les échanges sont géniaux. Un journaliste de Sud Ouest vient partager quelques kilomètres au pont francois mitterand comme d'autres personnes tout le long de la journée, on est régulierement 30-40. Il nous prend pour des fous mais est très sympa (interview dans le journal : http://www.sudouest.fr/2014/01/07/les-coureurs-solidaires-du-tour-de-la-cub-de-passage-a-floirac-1421372-3228.php). Il ne pleut pas trop, quelques averses éparses. Vers le km 44, crevaison du velo. Je ne ressentais pas du tout le tendon en pedalant et je ne veux pas perdre le groupe pour réparer malgré que j'ai ce qu'il faut dans le sac. Du coup, je ne peux m'empecher de me mettre à courir avec eux en poussant le velo et suis ravi de constater que je ne sens pas du tout le tendon. On finit tous ensemble cette belle aventure par un retour à la mairie d'Ambares au bout de 52km et 7h20 avec un verre de l'amitié et une galette ainsi qu'un mini spectacle de danse orientale.... On a tous envie de recommencer et surtout nous avons l'immense bonheur d'apprendre que notre action a permis de réunir 2921 euros en 2 jours....

Un immense bravo à Samuel qui aura donc réussi à boucler l'intégrale à pied soit 128km (moi je n'aurai donc fait que 85km à pied et 44km en VTT). Bravo à Valerie et Enya qui comme moi n'avait jamais fait plus long qu'un marathon sur le bitume) et surtout je garderai de magnifiques moment de partage et de convivialité de ce week-end,.... Ils m'auraient presque donné envie d'essayer quelques ultras sur route, en tout cas je signe de suite pour l'édition 2015 Content