Objectif majeur de ma saison (en attendant l'Ironman pour la prochaine), l'ultra-trail autour du Mont Blanc répondant au doux nom de C.C.C. (Courmayeur, Champex, Chamonix), la version "courte" avec ses 98km et 5600m de D+ de la course mondialement connu UTMB avec ces 166km et 9500m de D+ (certains vieux briscards du club s'y sont déjà frotté avec des fortunes diverses.

Après quelques jours d'alpinisme sur le massif du Mont Blanc, pour le plaisir et faire un peu de globules rouges autour de 3500m, suivi de quelques jours de repos, je suis donc au depart de cette course mythique :-)

La météo annoncée est exécrable, advienne que pourra, je suis de toute façon remonté comme une baraque à frites !!!!

Effectivement une demi-heure avant le départ, le déluge commence. Puis c'est un depart à 10h au son de 1492 de Vangelis à vous donner la chair de poule !

Je monte au train (mi-marche, mi-course et m'improvise une stratégie d'alimentation en discutant avec les anciens sur les 2 premières ascensions qui me conduisent d'Italie en Suisse et suis encore bien frais malgré les violents orages des premières heures en arrivant au km 30 au sommet du Grand Col Ferret (sous le soleil, suffisamment rare pour être signalé).

S'en suit une longue descente très (trop) roulante vers La Fouly de 11km, je trottine et me fais doubler par des bolides que je retrouverais bientôt à Champex (km 55) en train d'agoniser, les tendons en feu et les genoux en compotes.

Une grosse pause d'1h à Champex que je rallie juste avant la nuit (20h15) puis on attaque à la frontale pour basculer dans l'inconnu (tant en distance qu'en expérience à passer la nuit sans dormir en course). On a eu en tout 2 heures sans pluie sur la journée et les chemins commencent à se transformer en vrais torrents de boue.

Après 1 h à tenter encore de courir, je me rends à l'évidence, la course s'est finie, place à la marche car le terrain même plat devient impraticable (20 à 30 cm de boue par endroit, on y laisse les chaussures et on tombe dedans) et vraiment froid (des rafales de l'ordre de 80 km/h sur les cols, des traversées de rivières en crue dans l'eau glacée jusqu'à mi-mollet).

Autour de moi, c'est l'hécatombe, les abandons se multiplient, beaucoup d'épuisements et d'hypothermies, mais il n'est pas question que je lache et je continue sur un bon rythme de marche. J'apprends par un SMS de mon cousin Orel que sa course UTMB vient d'être purement et simplement annulée au km 21 pour cause de coulées de boue (Lucien Espert a normalement fait chou blanc aussi)

Dans la descente sur Vallorcine (km 81), je commence à ressentir des douleurs importantes (la périostite du tibia gauche s'est réveillée et mes pieds machés par l'eau commencent à se couvrir d'ampoules...), mais je reste toujours aussi motivé... je me trainerai jusqu'à l'arrivée.

A Vallorcine, stupeur... après 81km, 4700m de D+ et 19h03, la course est arrêtée et on nous empêche de repartir alors que nous ne serons plus que 1200 sur 2000 à atteindre Vallorcine (et plusieurs personnes comptaient s'arrêter là même sans STOP de l'organisation. Quelques minutes de profond dépit et puis je me repasse tout ce que je viens de franchir et toujours avec la certitude d'aller au bout quoi qu'il arrive, c'est finalement un vrai sentiment de fierté qui domine.

Je l'ai fait !!

Désormais la diagonale des fous, malgré toute l'humilité et l'entrainement qu'il faudra pour aborder l'épreuve, ne m'effraie plus => rendez-vous en 2012 sur l'île de la Réunion !!!!